Jardins du Palais de la Berbie
Jardins du Palais de la Berbie © Philippe Poux

Une forteresse médiévale

Nommé évêque en 1228, Durand de Beaucaire (1228-1254) va asseoir son pouvoir temporel sur la ville. Il fait édifier une nouvelle demeure pour affirmer l’autorité de l’église face aux cathares. Un premier corps de logis rectangulaire flanqué de deux tourelles d'angle voit le jour jouxté d'une tour.

Bernard de Combret (1276-1308) poursuit ce chantier et fait élever la Tour Sainte Catherine qu’il relie par une courtine à l'aile des Suffragants dont il amorce la construction, le long de la muraille Nord. De plus, pour éviter tout risque d'incendie, il réalise le couvrement en voûte d'ogives de toutes les salles du palais.

Ambitieux et autoritaire, Bernard de Castanet (1277-1306) augmente les défenses du palais : il construit la tour Saint-Michel et surélève la tour Sainte-Catherine. La courtine de l’aile des Suffragants est consolidée par de profonds contreforts hémicylindriques tandis que deux autres courtines descendant vers le Tarn sont bâties, créant une issue à l'opposé de la ville. Il installe ses appartements dans les tours et aménage une chapelle haute et l' aula episcopali où il rend la justice. Cette salle d’apparat est ornée d’un riche pavement gothique composé de carreaux en terre cuite vernissée de couleur vive décorés de motifs dont on a découvert l’existence en 2009.

Musée Toulouse-Lautrec, Palais de la Berbie, Albi
Musée Toulouse-Lautrec, Palais de la Berbie © Philippe Poux

Une résidence d'agrément

Le palais de la Berbie perd son aspect défensif à partir du dernier quart du XVème siècle. Louis Ier (1474-1502) et Louis II d’Amboise transforment l’édifice en résidence d’agrément.

Louis 1er d'Amboise élève un corps de logis inspiré des châteaux de la Loire et caractéristique de la première Renaissance française : baies à gâbles, fenêtres à meneaux, lucarnes à croisée, poivrières et toitures d'ardoise. Il crée également une galerie ornée d'un plafond en forme de carène de bateau renversé orné d’un décor peint d’entrelacs et d’oiseaux d’inspiration médiévale et de paysages et motifs propres à la Renaissance.

L'évêque Gaspard Daillon du Lude (1635-1687) reprend et complète dans le goût classique l'aile d'Amboise qu’il double par deux galeries superposées surmontées d'une terrasse. A l’intérieur, est aménagé un escalier d’honneur au plafond décoré des quatre vertus cardinales.  Il remplace les fenêtres à meneaux par de grandes baies classiques, abaisse la courtine Sud afin de donner air et lumière à la cour et fait creuser dans la muraille un passage pour gagner la Cathédrale Sainte-Cécile.

Daillon du Lude commande en 1665 à Roland Couplet (XVII ème siècle) les peintures des plafonds du Salon Doré et de la Salle de la Croix, espaces de réception. A la suite de ces salles prend place la chambre de l’archevêque décorée de panneaux peints représentant la Rome antique.

Ses deux successeurs, Hyacinthe Serroni (1678-1687), premier archevêque d’Albi nommé en 1678, et Charles Le Goux de la Berchère (1647-1719), recouvrent la chapelle de stucs polychrommes imitant le marbre dû à Jean-Antoine Lombard, qui encadre huit tableaux, l’Adoration des Mages au-dessus de l’autel, ainsi que des représentations des saints honorés en albigeois, dont saint Salvy et sainte Cécile. A l’extérieur, Hyacinthe Serroni remplace l’ancienne basse-cour par un jardin à la française surmonté d’un chemin de ronde. Au XVII ème siècle, cinq statues de marbre figurant Dyonisos et les quatre saisons y sont régulièrement réparties.

Le Goux de la Berchère (1687-1703) crée le Salon Carré, aménage dans l'aile des Suffragants de grandes chambres ouvrant sur une vaste terrasse portée par les contreforts hémicylindriques du XIIIème siècle.

Le Cardinal de Bernis (1764-1794) poursuit les aménagements du palais. Il creuse dans la tour Sainte-Catherine un petit salon qui ouvre sur un point de vue magnifique sur la rivière Tarn. Pour faciliter l'accès à la terrasse dite de Bernis surplombant les jardins, un très grand portail est percé sous l'aile d'Amboise.

Escalier d'honneur du Palais de la Berbie
Escalier d'honneur du Palais de la Berbie © Philippe Poux

Le palais au XIXème siècle

Après la Révolution, les bâtiments de l'Archevêché deviennent édifice national abritant tour à tour logement de gendarmerie, de prison ou de logement pour l’évêque constitutionnel. A partir de 1797, le palais accueille administration préfectorale, tribunal civil, blibliothèque publique et école. En 1823, le diocèse d'Albi est reconstitué et l'Eglise reprend possession du palais qu’elle doit à nouveau céder à l’Etat avec la promulgation de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat en 1905.

Jardins du Palais de la Berbie
Jardins du Palais de la Berbie © Philippe Poux

Une nouvelle fonction muséale

Le Palais de la Berbie perd sa destination religieuse et sa propriété revient au département qui permet à la Ville d’en avoir la jouissance sous réserve qu’un musée public y soit ouvert. Les collections du musée installé à l’Hôtel Rochegude y sont transférées puis complétées par la donation des œuvres de Toulouse-Lautrec en 1922. Des travaux sont alors entrepris pour adapter le bâtiment à sa nouvelle fonction muséale et pour restituer son état d’origine.

Au début du XXIème siècle, des travaux de restructuration et d’extension du musée conçus par le cabinet Dubois sont entrepris dans le but d’améliorer l’accueil du public et de proposer un nouveau parcours muséographique mettant en valeur l’architecture du palais.

Classé Monument historique en 1862, le Palais obtient une nouvelle reconnaissance avec le classement de la Cité épiscopale d’Albi au patrimoine mondial de l’Unesco.